Dans le système suisse de formation professionnelle, les places d’apprentissage offertes par des entreprises formatrices représentent quatre cinquièmes des places de formation, c’est-à-dire une part importante de l’offre au degré secondaire II, ce taux dépassant 90% dans les cantons alémaniques. Plus de 80% de ces places de formation en entreprise sont proposées par des petites et moyennes entreprises (PME), deux places sur trois concernant les entreprises de moins de 50 salariés. Ainsi, une majorité des personnes sortant de l’école est tenue, à partir de l’âge de 15 ans, de trouver une entreprise désireuse de la former. Les entreprises formatrices, de leur côté, ont la liberté de choisir leurs futur(e)s apprenti(e)s sur un vaste marché de candidat(e)s. Tandis que la relation de formation elle-même est fortement régulée par l’Etat, cette régulation n’affecte pas le recrutement de jeunes, à l’exception d’une limite d’âge inférieure. Dans ce contexte, le présent article s’intéresse à la question de savoir si et comment les entreprises formatrices, en adoptant un comportement de recrutement discriminatoire, contribuent à une ségrégation du marché des places de formation en fonction du sexe, de la nationalité et, peut-être aussi, de l’origine sociale des personnes concernées.
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